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Le débat entre Couvert et Sernine sur la « gnose » : qu’en penser ?

 

 

Introduction. 1

I] La citation sur lequel s’appuie Sernine pour appuyer sa thèse est-elle bonne ?. 2

1) Une citation fausse ?. 3

2) Une citation fausse, mais le contenu des ouvrages de Couvert reflète-t-il cette citation ?. 3

II] Existe-t-il une gnose universelle, clé de toute les erreurs ?. 4

1) De nombreux ésotéristes en sont persuadés, ou bien essayent de nous en persuader. 4

2. Maintenant est-ce seulement un délire de leur part ou la réalité ?. 6

III] La gnose vient de la kabbale et non l’inverse ! 7

1) La gnose dérive de la Kabbale. 7

2) La kabbale, voilà la clé ! 8

3) La franc-maçonnerie aussi ?. 8

IV] Le vrai nœud du problème ?. 9

1) L’aveu de l’abbé de Tanoüarn. 9

2) La description que nous fait l’abbé du conspirationnisme ou du complot est-elle bonne ?. 9

3) Les 3 coups de canon de la providence. 10

a) Le complot des illuminés de Bavière. 10

b) Le complot de la Haute Vente. 10

c) Le Palladisme. 11

V] D’ou vient l’erreur des deux parties ?. 13

1) Les erreurs de Sernine. 13

a) Sernine est-il gnostique ?. 13

b) Un certain simplisme. 14

2) Des erreurs communes à Sernine et Couvert : 14

3) Le problème de l’érudition. 15

 

 

 

 

Introduction

 

 

Paul Sernine a fait paraître un livre aux éditions Servir en 2003 intitulé : « La Paille et le Sycomore ». Le débat avait commencé avant ce livre, dans la revue Certitudes, mais ce livre reprend l’ensemble du problème.

Pour présenter rapidement le débat, voici ci-dessous un extrait d’un entretien de Paul Sernine avec Philippe Vilgier dans la revue Pacte n° 80 du 30 novembre 2003 :

« Entendons-nous bien ! La gnose est un phénomène historiquement daté, aux alentours des Ille et IVe siècles de notre ère : la gnose des Basilide, des Valentin et des Marcion. Celle-ci, bien entendu, j'en accepte l'existence et, avec l'Église, en condamne les doctrines. On peut également prendre le mot « gnose » en un sens large, comme désignant toutes les formes de « salut par la connaissance ». Je condamne aussi une telle notion de « salut par la connaissance », dans la mesure où un tel salut serait opposé au salut par la foi surnaturelle.

Jusque là nous sommes d’accord.

Mais, depuis la fin des années 70, un nouveau sens du mot « gnose » s'est répandu dans nos milieux, principalement par le biais d'un auteur qui s'est constitué le « spécialiste » sur le sujet. Cet auteur prétend qu'en toute erreur (passée, présente ou à venir) il y aurait une clé, et ce serait la « gnose ». La paille et le sycomore est consacré à une analyse approfondie de cette nouvelle notion de « gnose », qui la confronte aux enseignements du Magistère de l'Église, aux écrits des théologiens et à l'histoire ecclésiastique. Au terme d'un exposé rigoureux, je démontre que cette nouvelle notion de « gnose » constitue un mythe, historiquement faux et intellectuellement absurde. »

 

De nombreux amis nous ont demandé ce que nous pensions de cette affaire. Un membre des Editions Sources Retrouvées a donc entrepris cette petite étude, pour apporter notre contribution à ce débat Cette présente étude n’engage d’ailleurs que lui, et nullement les Editions Sources Retrouvées.

Nous ne connaissons pas personnellement ni les abbés Celier et ni de Tanoüarn. De même, nous ne connaissons pas personnellement Etienne Couvert. Nous sommes en-dehors de leurs clans. Nous nous sommes efforcé d’être le plus objectif possible dans cette étude.

 

Pour faire cette petite étude, nous avons donc lu le livre « La paille et le Sycomore », qui est également disponible en entier sur le site : http://paille.sycomore.free.fr

Nous avons également utilisé les entretiens et textes à propos de ce livre, mis sur internet sur le site : http://site.pacte.free.fr

Nous n’avions jamais lu les ouvrages d’Etienne Couvert. Nous avons donc également consulté ces deux livres à la Bibliothèque Nationale de France :

« La gnose universelle »

« La gnose contre la Foi »

 

 

I] La citation sur lequel s’appuie Sernine pour appuyer sa thèse est-elle bonne ?

 

 

Pour appuyer sa thèse, Sernine utilise une citation d’Etienne Couvert.

 

Extraits :

« Les Cahiers Barruel et Etienne Couvert, en effet, attribuent à une seule cause, à une seule forme, à un seul courant, toutes les erreurs recensées depuis la Création du monde : cause, forme ou erreur qu'ils nomment « gnose ». Paul Sernine cite à de nombreuses reprises cette phrase d'Etienne Couvert qu'il juge la plus caractéristique de sa pensée : en toute erreur, « il y a une clé... et c'est la "gnose" » (La gnose contre la foi, p. 161).

Ce que prétend Etienne Couvert c'est, répudiant toute complexité, toute diversité, réduire l'histoire des erreurs humaines à un unique complot expliquant tout, à une unique doctrine englobant tout, à un unique mot résumant tout : la « gnose universelle ».

Au long de cet ouvrage, nous utiliserons le mot « gnose » entre guillemets. Il ne s'agit nullement de la gnose historiquement déterminée, celle des IIIe et IVe siècles de notre ère, la gnose des Basilide, des Valentin et des Marcion. Le mot « gnose » entre guillemets désigne dans cet ouvrage, de façon spécifique, le concept élaboré par les Cahiers Barruel et par Monsieur Couvert, concept qui fait l'objet du présent débat. […]

La notion de « gnose » proposée par les Cahiers Barruel n'est pas la gnose historiquement déterminée des premiers siècles, laquelle n'en est qu'une simple partie. Il s'agit, au contraire, d'une notion englobante qui recouvre toutes les erreurs parues dans l'histoire de l'humanité, ou à paraître. En toute erreur, nous dit en effet Monsieur Couvert, « il y a une clé... et c'est la "gnose" » (La gnose contre la foi, p. 161). »

 

 

   1) Une citation fausse ?

 

 

Cette citation : En toute erreur, « il y a une clé... et c'est la "gnose" » (La gnose contre la foi, page 161) est répétée plus de dix fois dans le livre de Sernine. Cependant, il semble bien que cette citation est fausse.

En consultant la page 161 signalée, nous découvrons un passage sur Victor Hugo dans lequel Etienne Couvert nous dit : A partir de ce moment Victor Hugo est complètement gnostique et adorateur de Satan. Il se dit initié par des révélations d'en bas : la bouche d'ombre dans les Contemplations, le spectre ou la bise de mer, l'Archange nocturne dont il tire des choses surprenantes, obscures, noires, absurdes... Pour celui qui ne possède pas la Clé. Mais il y a une Clé... et c'est la « Gnose ».

Paul Sernine a donc remplacé « Victor Hugo » par : « En toute erreur » ; pour éviter une accusation de faux, il n'a pas mis de guillemets à cet ajout mais pour le simple lecteur, « en toute erreur » semble faire partie de la citation et Victor Hugo a disparu !

 

 

2) Une citation fausse, mais le contenu des ouvrages de Couvert reflète-t-il cette citation ?

 

 

Face à cette accusation de « tripotages de textes », l’abbé de Tanoüarn réplique, dans le numéro 86 de Pacte (mai 2004) :

« Mais la question que pose Sernine est essentielle : Monsieur Couvert est-il prêt à confirmer qu'en toute erreur il y a une clef et c'est la gnose ? Si oui, il donne raison à M. Sernine et il n'était pas nécessaire de faire tout ce tapage. Si non, qu'on le laisse s'expliquer avec M. Sernine sur le fond, en arrêtant de pinailler sur des signes typographiques. Il se trouve que dans Lecture et Tradition, après avoir longtemps tardé, M. Couvert nous dit qu'il n'est pas d'accord avec cette phrase, telle qu'elle est. Fort bien ! Il faut donc qu'il désavoue l'abbé Meinvielle, qui dans son ouvrage De la gnose au progressisme s'identifie, lui, à ceux qui disent : « en toute erreur il y a une clef et c'est la gnose ». Et il faut que Lecture et Tradition qui publie un extrait de l'abbé Meinvielle comme une pièce essentielle de ce procès, fasse un effort de cohérence... »

 

Effectivement, Meinvielle écrit page 357 de son livre De la Cabale au progressisme :

« Dans toute l’histoire humaine, la pensée et la vie n’ont que deux formes fondamentales : la catholique et la gnostique ».

 

Et nous pensons également que Couvert, dans ses ouvrages, pense qu’en toute erreur, il y a une clé, et c’est la gnose.

 

 

II] Existe-t-il une gnose universelle, clé de toute les erreurs ?

 

 

E. Couvert a-t-il inventé le concept de gnose universelle ? Bien sûr que non.

 

 

1) De nombreux ésotéristes en sont persuadés, ou bien essayent de nous en persuader.

 

 

Ne prenons que trois exemples, pour ne pas surcharger cette étude.

A. Voici la présentation d’un livre intitulé : « La Gnose Universelle », écrit par Jan van Rijckenborgh et Catharose de Petri aux Éditions de la Rose-Croix d'Or : « De nombreux voyants éclairés ont révélé la gnose universelle à l'humanité à travers les siècles. Il est incompréhensible que relativement si peu ont réagi réellement à cette connaissance si particulière. Une connaissance valable pour tous et pour toujours! C'est ainsi que l'on pourrait expliquer le titre de ce livre de Jan van Rijckenborgh et Catharose de Pétri. Cependant, pas une connaissance contenu dans une philosophie rigide. Non, les auteurs parlent d'une force dynamique qu'ils abordent avec des mots. "La Gnose", écrivent-ils, c'est "le

Prâna originel". C'est la Force originelle du commencement qui veut toucher l'homme. Lorsque les hommes sont ouverts à cette force divine, un chemin de régénération, un chemin de retour vers l'origine, peut être entamé. »

 

B. Deuxième exemple, voici le résumé que fait un ésotériste d’un article de Mme Blavatsky dans la revue internationale, The Theosophist (1er oct. 1879) : « Dans le premier numéro, Mme Blavatsky fait une mise au point remarquable à propos du mot Théosophie. Habituellement, ce terme servait classiquement (comme dans Isis Dévoilée) à désigner un système donné de philosophie mystique -comme la théosophie des Égyptiens, des néoplatoniciens ou des philosophes du feu. Ici, l'auteur insiste sur l'existence d'une Gnose universelle -une Théosophie, ou sagesse divine, archaïque -qui aurait

été répandue depuis la plus haute antiquité, et préservée par des initiés dans toutes les civilisations à travers l'histoire. Dès lors, le mot Théosophie (avec un T majuscule) allait renvoyer presque toujours à cette doctrine secrète, ésotérique qui est comme la sève nourrissant l'arbre des religions. »

 

C. Enfin, troisième exemple, voici la définition de la gnose par les francs-maçons : (texte trouvé sur le site : www.franc-maçonnerie.org) :

« LA GNOSE

Etymologiquement : connaissance (grec gnosis).

Signifie, en fait, connaissance initiatique.

Le terme de gnose désigne diverses tendances qui ont toujours existé dans les grandes religions monothéistes, et qui présentent des points communs aussi bien avec la pensée néoplatonicienne qu'avec les spiritualités orientales.

Gnose signifie connaissance. Il s'agit de la connaissance intérieure, par laquelle l'homme appréhende le divin, indépendamment de tout dogme, de tout enseignement; la gnose s'apparente ainsi au mysticisme. Les gnostiques considèrent que Dieu ne peut être en contact avec le monde, essentiellement mauvais, œuvre du Démiurge. La matière est assimilée à l'ignorance, au mal, et la vie terrestre résulte d'une chute de l'esprit dans cette matière, perte de l'unité originelle avec Dieu. L'homme, prisonnier des dualités (bien/mal, âme/corps, connaissance/ignorance), ne garde plus de son origine divine que la vague nostalgie d'un paradis perdu. Mais le principe divin, l'âme, est en lui, et la recherche spirituelle peut le mener au salut en libérant l'âme de sa prison corporelle.

D'après les dernières recherches, la Gnose trouverait son origine dans les milieux judéo-chrétiens du début de notre ère et dans la crise qu'a traversée la pensée apocalyptique pendant les deux premiers siècles de notre ère (R.-M. Grant, Gnose et origines chrétiennes, Paris, 1964). Ceci ne veut pas dire que nombre de thèmes et de conceptions gnostiques n'aient pas existé avant cette date. Le symbolisme gnostique plonge en effet ses racines au cours d'époques bien antérieures dans la philosophie pythagoricienne.

[…]

Les thèmes fondamentaux de la Gnose sont :

      la théorie de la connaissance (connaissance de soi et connaissance de Dieu);

      le dualisme (lumière-ténèbres, pneuma-psyché, vie-mort);

      le mythe du Sauveur-sauvé qui inspire le quatrième Évangile (le messager céleste descend pour apporter aux hommes la révélation divine);

      le mythe de l'ascension des âmes.

On peut distinguer d'après les travaux récents deux types de Gnose : une Gnose syro-éygptienne et une Gnose iranienne; celle-ci serait la plus importante et aurait donné naissance: au manichéisme.

En Franc-Maçonnerie. Un des sens de la lettre « G » révélé aux Compagnons lors de la cérémonie d'augmentation de salaire. Cette interprétation n'existe pas au Rite Émulation ni au Rite Écossais Rectifié.

On peut donc, avec Wirth, comprendre le mot « Gnose » dans le sens de « connaissance initiatique ». La Gnose est à la connaissance caractéristique de tout esprit ayant su pénétrer les mystères de l'Initiation. Ceux-ci présentent cette particularité qu'ils sont strictement incommunicables : il faut les découvrir soi-même pour les posséder... La Gnose ne s'acquiert qu'à force de méditations personnelles portant sur les symbole: multiples qui sollicitent l'esprit à deviner leur sens caché... » Les Mémentos du Grand Orient de France, après avoir rappelé que le terme se rattache à la langue des premiers philosophes », donnent à ce terme un sens moral. C'est « la connaissance morale la plus étendue, la plus généreuse aussi, l'impulsion qui porte l'homme à apprendre toujours davantage et qui est le principal facteur du progrès ».

La Gnose est une connaissance universelle.

La Gnose est une connaissance universelle. Lorsque nous étudions les civilisations antiques (Égyptienne, Maya, Celte, Grecque, Hindoue), nous découvrons à la base les mêmes enseignements. C’est cette connaissance unique que les véritables sages de tous les temps (Confucius, Socrate, Bouddha, Jésus, Krishna, Blavatsky, Steiner…) sont venus livrer à l’humanité.

La Gnose dévoile les clés théoriques et pratiques indispensables à l’homme et à la femme modernes qui désirent se libérer de leurs états négatifs et éveiller leurs facultés latentes. »

 

 

2. Maintenant est-ce seulement un délire de leur part ou la réalité ?

 

 

La question reste ouverte…

 

Examinons quelques arguments de Sernine :

« Pour soutenir son affirmation que les papes parleraient de la « gnose » sans toutefois la nommer de ce nom, le Sel de la terre affirme que le terme « gnose » est peu employé par les papes (en réalité, pas du tout), parce que « les erreurs condamnées portent le nom sous lequel elles sont désignées, or rarement les gnostiques s'appellent eux-mêmes gnostiques ».

 

Cet argument est purement et simplement faux.

« En fait, il n'est pas rare que les papes choisissent eux-mêmes les noms qu'ils accolent aux erreurs. Par exemple, ils appellent ordinairement « novateurs du XVIe siècle » ceux qui s'appellent eux-mêmes et que nous nommons « réformés » ou « protestants ». Ils parlent du « droit nouveau », là où l'histoire parle des « Philosophes » ou des « Lumières ». Léon XIII est en pratique l'inventeur du mot « américanisme ». Saint Pie X est en pratique l'inventeur du mot « modernisme », etc. Si les papes avaient voulu qualifier des erreurs ou groupes d'erreurs du terme de « gnose », ils l'auraient fait sans difficulté. S'ils ne l'ont pas fait, c'est qu'ils ne le voulaient pas, tout simplement parce qu'à leurs yeux la « gnose universelle » n'existait pas. »

Pure affirmation de la part de Sernine, sans véritables arguments, qui là, visiblement, est gêné.

 

Mais surtout, Sernine invoque « l’impossibilité intellectuelle » :

« Diversité dans le temps : comment imaginer que la Tour de Babel puisse former une réelle unité avec Pythagore au VIe siècle avant J.C., avec Platon au IVe siècle avant J.C., avec les Esséniens au temps de Notre Seigneur Jésus-Christ, avec les ariens au IVe siècle, l'islam au VIIe siècle, Maître Eckart au XIIIe siècle, la Renaissance aux XVe et XVIe siècles, Spinoza au XVIIe siècle, le romantisme au XIXe siècle, la psychanalyse au XXe siècle et Borella en notre temps ?

Diversité dans l'espace et la civilisation : les Sabelliens sont orientaux, les néo-platoniciens sont orientaux, grecs et latins, Dante est italien, Maître Eckart est allemand, la Kabbale est juive, l'islam est arabe et turc, le New Age est américain, Ronsard est français, le brahmanisme est hindou, comme le bouddhisme qui est également japonais et chinois, la franc-maçonnerie est anglaise, la psychanalyse est autrichienne, etc. »

 

Argument pitoyable, que d’ailleurs il atténue tout de suite après en écrivant :

« Redisons qu'il existe sans aucun doute des liens humains entre certaines de ces erreurs, des liens intellectuels, une filiation historique, des similitudes : l'histoire humaine ne procède pas uniquement par à-coups, elle comporte évidemment certaines continuités. Redisons que travailler à discerner ces liens, en respectant les règles de la science catholique, comme l'ont fait dans le passé les meilleurs auteurs, est une entreprise utile et louable.

Mais redisons aussi que regrouper ces multiples courants divergents en un groupe intellectuel absolument unique, réellement constitué, clairement défini, intitulé « gnose », relève d'une impossibilité intellectuelle radicale, sauf à recourir indûment au miracle. »

 

En revanche, nous sommes d’accord avec Sernine sur ces deux dernières phrases. La thèse d’une gnose universelle, soutenu par les ésotéristes, est, à notre avis, une invention de leur imagination, une construction de l’esprit. Voici pourquoi.

 

 

 

III] La gnose vient de la kabbale et non l’inverse !

 

 

 

1) La gnose dérive de la Kabbale

 

 

Voici ce que nous avons découvert, avec grand étonnement, dans le livre d’Etienne Couvert « La gnose contre la foi », page 45 :

« La kabbale, forme juive de la gnose.

Les Gnostiques se sont efforcés, dès les premiers siècles, de pénétrer dans le Judaïsme de la diaspora de manière à amener les rabbins, fidèles à la Révélation de l’Ancien Testament, à renier le vrai Dieu, Yahvé. […]

Le résultat de cette pénétration gnostique en Israël fut, au cours du Moyen-Age, l’apparition de la kabbale ou « Tradition ». […]

Comme nous le voyons, la kabbale n’est pas autre chose que la Gnose traduite en hébreu. »

 

Or, c’est exactement le contraire ! Il y a une inversion complète de l’histoire. Les maçons comme les anti-maçons l’ont toujours affirmé !

 

Mgr Meurin écrivait ainsi, dans son ouvrage La Franc-maçonnerie, synagogue de Satan, que la gnose, c’est « du christianisme kabbalisé ».

 

Les hauts initiés et hauts maçons l’affirment également :

Dans Maçonnerie occulte suivi de L’Initiation hermétique, de J.-M. Ragon (Paris, E. Dentu, août 1853), on lit page 78 :

« La cabale est la clef des sciences occultes. Les gnosticiens sont nés des cabalistes. »

 

Albert Pike écrit, dans Morals and dogma, page 626 : que « The Kabalah is the key of the occult sciences ; and the Gnostics were born of the kabalists. »

 

 

2) La kabbale, voilà la clé !

 

 

Nous affirmons que la Kabbale est donc la clé pour comprendre les différents mouvements occultistes et ésotéristes. En effet tous les courants occultistes et ésotériques lui doivent beaucoup.

D’après les kabbalistes eux-mêmes :

« Les racines de la Kabbale sont liées à l'ancienne doctrine secrète juive. Dans la littérature talmudique (le Talmud est un recueil de traditions rabbiniques interprétant la loi de Moïse), le terme Cabala a été employé pour marquer, d'une part, le bien-fondé de certaines interprétations traditionnelles de l'Ecriture Sainte et de certaines coutumes religieuses. De l'autre, pour attester la continuité spirituelle de l'histoire juive. La Kabbale s'identifie donc à une histoire, celle du peuple hébreu...

Si cette revendication de «paternité» s'avère initialement légitime, il serait non fondé de penser que la Kabbale se cantonne à un cercle d'érudits juifs. Les sources et influences de la mystique sont diverses, elle a autant puisée ses «forces» dans les traditions orientales, que dans les doctrines antiques (les idées de Platon, d'Aristote), et inévitablement dans l'inconscient collectif (croyances populaires, rituels et magie). Se perpétrant à travers les époques, elle nourrit les débats, forge la réflexion et irrigue les courants ésotériques d'Europe et d'ailleurs. »

 

Voici ce qu’écrit page 95 le mage Eliphas Lévi dans son livre : Dogme et rites de la haute magie, (t. I, paris, 1861, 2ème édition) :

« Toutes les religions vraiment dogmatiques sont sorties de la cabale, et y retournent. Tout ce qu’il y a de scientifique et de grandiose dans les rêves religieux de tous les illuminés, Jacob Boehne, Swedenborg, Saint-

Martin, est emprunté à la cabale ; toutes les associations maçonniques lui doivent leurs secrets et leurs symboles. La cabale consacre seule l’alliance de la raison universelle et du verbe divin, elle a les clefs du présent, du passé et de l’avenir. »

« La doctrine cabalistique, qui est le dogme de la haute magie, est contenue dans le Sepher-Jesirah, le Zohar et le Talmud. » (Eliphas Lévi, Histoire de la Magie, Paris, 1860, page 28)

 

Simon le magicien, fondateur de la gnose historique, était un adepte de la Kabbale.

 

Il est constant pour M. Matter que les gnostiques, engendrés par le magicien juif Simon, avaient « hérité la théurgie des cabalistes et des chaldéens ». (M. Matter, Histoire critique du gnosticisme, t. III, 2ème édition, 1843)

 

 

3) La franc-maçonnerie aussi ?

 

 

Prenons par exemple un texte récent, daté d’avril 1981.Voici ce que nous lisons page 74 du bulletin n° 95 du « NETORICAL », bulletin du « Grand Collège des rites – Association maçonnique des hauts grades Suprême Conseil », sous la plume d’André Dore, 33e :

« Il est certain que la doctrine maçonnique émanant de l’Alchimie et de la Kabbale ne pouvait être appréhendée que par un nombre de frères très limité, laissant à l’écart tous ceux dont la culture ou l’intelligence ne permettaient pas la compréhension d’une pensée par ailleurs très subtile ; seul, le mot, la « Parole » porteuse de puissance et faiseuse de miracles pouvait éveiller l’esprit. Elle eu un impact affectif considérable. Dans un monde chrétien, dominé par une Eglise jalouse et dangereuse, le possesseur de cette parole ne pouvait être que le Christ, incarnation du Logos. De là naquit une christologie effarante qui submergea la maçonnerie française jusqu’à la moitié du XIXe siècle et dont elle conserve encore des séquelles. »

 

 

 

IV] Le vrai nœud du problème ?

 

 

1) L’aveu de l’abbé de Tanoüarn

 

 

L’abbé de Tanoüarn écrit, dans un article : « Pourquoi j’édite Paul Sernine ? » du n° 13 de la Nouvelle revue Certitudes (janvier-février-mars 2003) :

« Pourquoi consacrer deux cents pages à Etienne Couvert ? C'est qu'à travers le système de Couvert, ce qui est visé par Sernine, c'est le conspirationnisme de l'auteur.

Mais une chose est de considérer le rôle moteur de la maçonnerie et autre chose de céder au vertige dualiste qui saisit les barruéliens... On doit reconnaître le rôle de la franc-maçonnerie comme "machiniste" de la Révolution française (selon le mot que Camille Desmoulins s'applique à lui-même), mais ce n'est pas pour autant que l'on envisagera l'Histoire simplement comme le lent déploiement d'un complot d'initiés... »

 

Le vrai enjeu du problème n’est donc pas la question de la « gnose », mais la question du conspirationnisme.

 

 

2) La description que nous fait l’abbé du conspirationnisme ou du complot est-elle bonne ?

 

 

Voici ce qu’écrit l’abbé de Tanoüarn, dans le numéro 86 de Pacte (mai 2004) :

« Personnellement, ce que je récuse et récuserai toujours dans le conspirationnisme, c’est une théorie diabolisatrice de l’adversaire. Personne n’est le diable sur la terre car tout homme, à un moment ou à un autre, manifeste qu’il pourrait se sauver. Quant à la mécanique binaire qui condamne les anticonspirationnistes en les diabolisant, elle est dans la logique terroriste d’un univers en noir et blanc. Pas dans la réalité. »

 

Mais est-ce que les théoriciens du conspirationnisme affirment cela ? Affirment-ils que les adversaires sont des « diable sur la terre », et « qu’ils ne peuvent se sauver » ? Pour le coup c’est l’abbé qui diabolise les théoriciens du conspirationnisme.

 

L’abbé écrit également :

« Je voudrais d'abord faire comprendre que l'on peut et que l'on doit récuser les théories complotistes et conspirationnistes par simple honnêteté intellectuelle. Il ne s'agit pas pour autant de renoncer à donner à la franc-­maçonnerie une importance déterminante, comme société de pensée et comme laboratoire d'expérimentation pour la nouvelle religion humanitaire, dont un consensus de penseurs autorisés et résolument "corrects" voudrait faire la religion du XXIème siècle.

En revanche, les théories qui voient des complots partout, en imaginant qu'une main cachée dirige toute l'histoire du monde, pèchent par leur absence totale de sérieux : pourquoi étudier lorsque tout s'explique par un seul facteur, toujours identique ? »

 

L’abbé de Tanoüarn ne s’occupe pas de savoir s’il y a des complots ou pas, s’il y a des preuves ou pas de ces complots. Ce qui pourtant devrait être là le vrai sujet, et l’enjeu des recherches. Non, l’abbé nous dit que les complots n’existent pas.

 

 

3) Les 3 coups de canon de la providence

 

 

Il y a eu pourtant ce que nous pourrions appeler les 3 coups de canon de la providence. Trois preuves irréfutables qu’il y a bien des complots.

 

a) Le complot des illuminés de Bavière

 

C’est une société secrète supérieure fondée en 1776 par Adam Weishaupt. En 1785, Lanz, membre de la secte maçonnique des « Illuminés de Bavière » qui transportait des documents secrets, fut frappé par la foudre à Rastibonne.

En ramassant son corps, la police trouva sur lui des papiers tellement compromettants que le gouvernement bavarois intervint aussitôt. Il y eut une fructueuse perquisition dans les papiers de la secte, notamment chez l’avocat Zwack, et l’affaire se termina par un célèbre procès. Toutes les pièces saisies furent longtemps visibles aux Archives de Munich. Ces documents internes à l’ordre apportent des preuves sur leur entreprise visant à renverser la monarchie.

 

b) Le complot de la Haute Vente

 

La police pontificale a saisie les archives de la Charbonnerie, société secrète luttant pour l’indépendance et l’unité italienne, qui agit comme une société secrète manipulant les autres sociétés initiatiques. L’un des chefs de la conspiration a été identifié par la police romaine dans un juif italien répondant au pseudonyme de Piccolo Tigre.

Les papiers secrets de la Haute Vente des Carbonari tombés entre les mains du pape Grégoire XVI, embrassent une période qui va de 1820 à 1846, ont été publiés sur la demande du pape Pie IX, par Crétineau-Joly dans son ouvrage l’Église romaine et la révolution. Et par le bref d’approbation du 25 février 1861 qu’il adressa à l’auteur, Pie IX a consacré l’authenticité de ces documents, mais il ne permit pas qu’on divulguât les noms véritables des membres de la Haute Vente impliqués dans cette correspondance. Ces lettres sont absolument effarantes et si les papes ont demandé qu’on les publiât, c’est pour que les fidèles sachent la conjuration ourdie contre l’Église par les sociétés secrètes, qu’ils en connaissent le plan et soient prémunis contre son éventuelle réalisation.

 

c) Le Palladisme

 

C’est un sujet que nous connaissons très bien, puisque nous y avons consacré un ouvrage, intitulé : « L’Affaire Diana Vaughan – Léo Taxil au scanner ». Toutes les preuves de l’existence de cette société secrètes luciférienne chapeautant toute la Maçonnerie sont dans cet ouvrage et nous invitons le lecteur à s’y référer. (Pour commander cet ouvrage, allez sur le site : http://sourcesretrouvees.free.fr)

Nous nous bornerons donc ici à mettre qu’un seul argument. Qui est irréfutable et qui n’a jamais été réfuté. Extrait de notre ouvrage :

« Le Temple palladique du palais Borghèse (Article de la Revue Mensuelle, de février 1895)

Nous avons des renseignements plus précis sur ce qui motive l’expulsion de Lemmi du palais Borghèse. Deux mariages très riches viennent de relever cette famille, qui avait été si durement éprouvée et dont un grand nombre de biens avaient été vendus : on sait que le palais Borghèse, qui est dans une situation toute particulière, ne put être mis en vente ; mais les créanciers du prince Paul Borghèse, chef de la famille, obtinrent la mise sous séquestre de ce palais, et les administrateurs du séquestre louèrent le premier étage à Lemmi pour en faire le siège de la maçonnerie. L’un des deux mariages auxquels nous venons de faire allusion, est celui du prince Scipion Borghèse, jeune homme de vingt-quatre ans, fils aîné du prince Paul Borghèse, qui épouse la duchesse de Ferrari. La nouvelle princesse a tenu à honneur d’habiter le palais de cette illustre famille dans laquelle elle entre, et, désintéressant les créanciers de son beau-père, elle exige l’expulsion de Lemmi, sauf à payer l’indemnité qui sera fixée par les tribunaux, à raison de la résiliation du bail octroyé par les administrateurs du séquestre. Lemmi est donc bel et bien forcé de déguerpir.

C’est pourquoi les locataires francs-maçons n’ont pu se soustraire à l’obligation de laisser les fondés de pouvoir de la famille Borghèse visiter leurs locaux, ceux-ci étant en droit, d’après le cahier des charges, de constater l’état des lieux, en vue de la remise à neuf.

Or, cette visite officielle a amené la constatation de l’existence du Temple palladique que Lemmi niait si bien et faisait nier par ses agents.

Mais reproduisons un des journaux italiens qui viennent de donner cette importante nouvelle.

L’Unione, de Bologne, dans son numéro du 15 mai, a publié, sous le titre : « La Franc-Maçonnerie chassée du Palais Borghèse, le Temple de Lucifer », l’article suivant :

« Le Corriere Nazionale, de Turin, possède à Rome un correspondant accrédité ; ce correspondant raconte que, grâce à une clause insérée dans le contrat de loyer passé entre les administrateurs du Palais Borghèse et la franc-maçonnerie, il a pu être intimé à celle-ci d’avoir à déguerpir du premier étage du susdit palais, les appartements devant être remis à neuf pour recevoir les époux prince Scipion Borghèse et duchesse de Ferrari.

Par conséquent, ces jours derniers, les fondés de pouvoirs de la famille Borghèse se présentèrent, selon leur droit, pour visiter les appartements ; ils furent admis, d’abord, sans difficulté. Cependant, une des salles restait fermée, et les francs-maçons se refusaient à l’ouvrir. Mais comme les fondés de pouvoir insistèrent jusqu’à menacer d’avoir recours à la force publique et de faire enfoncer la porte, les francs-maçons durent céder et ils cédèrent.

Dans cette salle, il y avait le temple ainsi nommé : Temple Palladique. En voici la description :

Les murs, ornés de damas en soie noire et rouge, laissaient apercevoir au fond une grande tapisserie, sur laquelle se détachait, en formes colossales, l’effigie de Lucifer ; là, tout auprès, il y avait une sorte d’autel, comme un bûcher ; éparpillés çà et là, on remarquait encore des triangles, des équerres et autres symboles de la secte satanique, ainsi que des livres et des rituels ; tout autour étaient rangés de magnifiques fauteuils dorés, ayant chacun au haut du dossier une espèce de grand œil transparent, éclairé à la lumière électrique. Enfin, au milieu de ce temple infâme, il y avait quelque chose de ressemblant à un trône.

Les visiteurs, épouvantés, se gardèrent bien, vu l’état d’esprit où ce spectacle inattendu venait de les plonger, de s’arrêter plus longuement dans un lieu où, de toute évidence, un culte abominable est rendu au démon, et par conséquent d’examiner en détail tout l’aménagement ; ils en sortirent plus qu’à la hâte. »

Ainsi, il n’y a plus moyen de nier maintenant ; Lemmi a été pris sur le fait. La salle dite Temple Palladique existe, sans contestation possible, au siège du Grand Orient d’Italie. Aucun franc-maçon ne saurait avoir l’audace de soutenir qu’il s’agit de la salle des séances du Suprême Conseil.

En effet, parmi les grades pratiqués au palais Borghèse, - nous parlons de ceux qui sont officiellement avoués (car les grades palladiques sont niés, pour ne pas effrayer les maçons-gogos et les profanes), -le plus haut est le 33e degré du Rite Ecossais.

Or, voici quelle est la décoration de la salle servant de réunion aux initiés pourvus de ce plus haut grade avoué. Nous donnons la description textuellement d’après un manuel officiel, le Manuel général de Maçonnerie, du F.˙. Teissier, 33e, imprimé à Paris en 1883 ; le Rite Ecossais, dont Lemmi est le grand maître en Italie, est le même dans tous les pays ; la description d’une salle de Suprême Conseil est exactement la même pour Rome, comme pour Paris, Londres, pour Lausanne, pour Bruxelles, pour Madrid, etc. Lisez, et vous verrez qu’il est impossible de confondre une salle de Suprême Conseil avec cette salle que viennent de visiter les fondés de pouvoirs de la famille Borghèse.

Nous citons le Manuel Teissier, pages 239-240 :

« Rite Ecossais Ancien et Accepté. – trente-troisième degré. La loge se nomme Suprême Conseil.

Décoration de la Loge : - La loge est tendue en pourpre, avec des squelettes, têtes et os de mort peints dessus. A l’orient (c’est-à-dire au fond de la salle), est un dais sous lequel est un transparent avec le nom du Grand Architecte en lettres hébraïques (c’est là que trône le grand-maître). Dans le centre de la salle est un piédestal quadrangulaire couvert en cramoisi, sur lequel est une Bible ouverte et une épée mise en travers ; au nord du piédestal est un squelette tenant un poignard dans la main droite et dans la gauche le drapeau de l’Ordre. A l’occident est un second trône élevé de trois marches, avec un autel triangulaire couvert de cramoisi. Au-dessus de la porte d’entrée est écrite la devise de l’Ordre en lettres d’or : Deus meumque jus. La salle est éclairé par onze lumières : cinq à l’orient, deux au midi, trois au couchant, et une au nord. »

La salle visitée par les fondés de pouvoirs de la famille Borghèse n’était donc pas celle du Suprême Conseil ; d’ailleurs, le temple des réunions du 33e degré du Rite Ecossais n’avait rien qui put créer, de la part des francs-maçons gardiens, ces difficultés, les seules qu’ont rencontrées les visiteurs ; on le leur eût montré, sans doute, s’ils ne s’étaient pas retirés en toute hâte, attendu que le Rite Ecossais est avoué par Lemmi, nous le répétons. »

 

 

Enfin, selon l’abbé de Tanoüarn, la théorie du complot amène le défaitisme. Or, les théoriciens du complot sont ceux qui ont le plus agi contre la franc-maçonnerie. Prenons un exemple que nous connaissons bien, l’exemple du Congrès anti-maçonnique international de Trente. Hé bien ce sont tous ceux qui croyaient au Palladisme, qui croyaient à Diana Vaughan, qui ont été les acteurs du Congrès anti-maçonnique international de Trente.

 

Extraits d’un article de J. P. Tardivel paru dans la Vérité de Québec, du 19 décembre 1896 :

« On nous dit « Depuis quatre ans, que d’activité dépensée en pure perte à poursuivre des chimères, tandis que la vraie franc-maçonnerie etc. » Mais qui sont ceux qui ont préparé et organisé le Congrès de Trente ! Qui sont ceux qui ont créé le mouvement antimaçonnique actuel ? Qui ? Sinon ceux, précisément, que le Père Portalié accuse d’avoir dépensé leur activité en pure perte à poursuivre des chimères ! Ce n’est pas l’Univers, ce n’est pas le Vérité, de Paris, ce ne sont pas les Etudes religieuses qui ont été les vrais initiateurs du Congrès de Trente. C’est l’Union antimaçonnique de France, c’est l’abbé Mustel, c’est l’abbé de Bessonies, c’est le Père Octave, c’est Diana Vaughan elle même dans ses Mémoires, c’est la Franc-Maçonnerie démasquée, c’est l’Anti-Maçon, c’est la Revue Mensuelle, c’est Léo Taxil, c’est M. de la Rive, par ses conférences ; en Italie, c’est la Civiltà, c’est l’Union antimaçonnique de Rome et la Revista antimassonica, c’est l’Eco d’Italia, et en Allemagne, c’est le prince de Lœwenstein, et non point la Vœlkszeitung ; au Canada, nous pouvons le dire, c’est la Vérité avec ses amis ; enfin, partout, ce sont ceux que le P. Portalié plaint d’avoir poursuivi des chimères qui ont créé le mouvement antimaçonnique et rendu possible la tenue du premier Congrès antimaçonnique international, lequel a fait pousser un cri de rage à la secte. »

 

 

 

V] D’ou vient l’erreur des deux parties ?

 

 

1) Les erreurs de Sernine

 

 

a) Sernine est-il gnostique ?

 

Voici ce qui est écrit dans l’avertissement de l’éditeur du livre La Paille et le Sycomore :

« Un lecteur inattentif et partial pourrait peut-être conclure du texte de Paul Sernine que, si ce dernier critique une certaine critique de la « gnose », c'est qu'il est lui-même favorable aux « gnostiques », voire adepte de la « gnose ». Il n'en est rien, évidemment. Paul Sernine est tout l'opposé d'un « gnostique », d'un ésotériste, et n’à aucune complaisance en ce sens. D'ailleurs, s'il avait penché vers de telles erreurs, les éditions Servir n'auraient pu l'accueillir en leur sein. »

 

Dont acte.  Nous ne croyons pas qu’il le soit. Mais alors pourquoi me diriez-vous ?

 

b) Un certain simplisme

 

Voici deux exemples qui démontrent le simplisme des arguments de Sernine. Sernine écrit :

« Loin de traiter Joseph de Maistre d'illuministe, Pie XII le cite longuement et avec honneur le 16 avril 1949, dans un contexte qui manifeste qu'il le lisait avec beaucoup d'attention et d'intérêt.

Loin de voir Ozanam comme l'adepte d'un « monstrueux œcuménisme », le souverain pontife ne tarit pas d'éloges à son sujet, le qualifiant de « grand » (15 avril 1946), « grand modèle de charité chrétienne » (12 octobre 1947), « grand apôtre laïc du XIXe siècle » (27 avril 1952), « admirable apôtre de la charité » (8 décembre 1955). »

Or, il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que Joseph de Maistre fut un « Illuminé », mais qu’ensuite il s’est « converti ».

De même pour Ozanam, il est connu qu’il fut attiré au début par les idées libérales, mais il s’en est retiré par la suite.

 

 

2) Des erreurs communes à Sernine et Couvert :

 

 

Nous constatons malheureusement une méconnaissance de tout un patrimoine catholique, contre-révolutionnaire et anti-maçonnique chez nos auteurs. Toute une riche littérature, située entre 1870 et 1914 est totalement méconnue.

Méconnaissance des revues comme : La Franc-Maçonnerie Démasquée, la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, mais également une méconnaissance et une non lecture des revues maçonniques.

Certes, certains auteurs anti-maçonniques sont connus et cités, mais combien sont oubliés !!!

 

Citons quelques auteurs à lire pour se former :

Augustin Barruel, l’abbé François Lefranc, Pierre de Clorivière, Henri Roger Gougenot des Mousseaux, Mgr de Ségur, l’abbé Tourmentin, Alexandre de Saint-Albin, François-Xavier Gautrelet, Nicolas Deschamps, Claudio Jannet, Crétineau-Joly, Mgr Fava, le chanoine Brettes, l’abbé Isidore Bertrand, Mgr Meurin, Abel Clarin de la Rive, Emmanuel Bon, l’Abbé de Bessonies, le Chanoine Mustel, Mgr Ernest Jouin, Arthur Preuss, Emmanuel Barbier, Léo Taxil, Diana Vaughan, Domenico Margiotta, Charles Hacks. Et les encycliques des papes.

Il faut également lire la littérature maçonnique, par exemple Clavel, Ragon, Eliphas Levi, Mackey, Albert Pike, etc.

 

 

3) Le problème de l’érudition

 

 

Sernine déplore le rejet des érudits de la part de Couvert. Etienne Couvert a effectivement écrit :

« Les érudits ont compliqué à plaisir les choses », (La gnose contre la foi, p. 228). Il dénonce les « falsifications et impostures des historiens modernes » (La gnose en question, p. 59), des « historiens sans conscience et sans scrupules » (La gnose universelle, p. 51).

« Le monde universitaire est en majorité profondément pourri et son affectation d'érudition est un moyen d'en imposer au lecteur et de rejeter les contradicteurs en refusant le dialogue » (La gnose en question, pp. 123-124).

 

Or, force est de constater qu’Etienne Couvert a raison. En effet, prenons l’exemple de l’Affaire Diana Vaughan. Les historiens « érudits » actuels qui se sont penché sur cette question, auraient « détruit » les partisans de l’existence de Diana Vaughan, qui se basaient sur un ou deux articles de la Revue Internationale de Sociétés Secrètes. Mais, en étant plus érudit que les érudits eux-mêmes, sur cette question, nous avons constaté que ces « érudits » se trompaient lourdement, et parfois sciemment. Couvert a donc raison au sujet de l’érudition.

 

Prenons un exemple parmi d’autre, extrait de notre ouvrage : « L’Affaire Diana Vaughan – Léo Taxil au scanner » :

« Le récit du crocodile ailé qui joue du piano

Voici maintenant l’exemple typique de désinformation. A chaque fois que l’on fait allusion à Taxil, tout de suite on nous met en garde contre lui, et l’on nous rappelle l’épisode invraisemblable du Diable qui apparaît sous la forme d’un crocodile. Un récit de Taxil le discréditant, nous affirme t-on !

 

Voici exactement le récit du crocodile ailé qui joue du piano, qui se trouve page 618 et 619 du Diable au XIXe siècle :

« Sandeman, - pour parler d’un fait récent, -m’a raconté un incident à la fois bizarre et fantastique, dont il fut la cause, il y a de cela quatre ans à peine, au courant de l’hiver 1889-1890, à Londres. Il assistait à une soirée intime chez milady W., qui avait choisi ses invités exclusivement parmi les spirites, tous plus ou moins Vocates Procédants.

On fit d’abord tourner et parler une table, mais sans que personne la touchât ; il n’y avait donc aucune supercherie, et les assistants étaient bien tous réellement de vrais spirites.

Sans rien dire à personne, Sandeman, qui est, on le sait, Mage Elu, et qui a beaucoup d’initiative en matière d’expériences, résolut de tenter quelque chose d’inédit.

C’était un samedi, jour consacré à Moloch. Il ne prévint personne et se contenta de dire en lui-même sept fois le nom de l’Ante-Christ, qui est : Apollonius Zabah. Il récita ensuite, toujours dans son for intérieur, l’invocation à Moloch, en s’excusant humblement vis-à-vis de cet esprit du feu, de ne pas l’appeler avec tous les accessoires habituels, mais en le priant néanmoins d’apparaître à l’assistance et de ne faire aucune victime.

Personne ne se doutait de la manœuvre à laquelle se livrait Sandeman. Tout à coup, la table qu’on venait de faire tourner au commandement, sans la toucher, bondit au plafond, retomba sur le parquet, et là, subitement, se métamorphosa en hideux crocodile, ailé.

Ce fut une panique générale, ou, pour mieux dire, tout le monde, sauf Sandeman, était pétrifié, cloué sur place. Mais la surprise fut au comble, quand on vit le crocodile se diriger vers le piano, l’ouvrir, et y jouer une mélodie, aux notes des plus étranges.

Et tandis qu’il pianotait, le crocodile ailé tournait vers la maîtresse de la maison des regards expressifs, qui, on le pense bien, mettaient celle-ci fort mal à l’aise.

Cependant, Moloch n’était pas dans un de ses jours de cruauté.

Le crocodile, enfin, disparut brusquement. La table était, ainsi qu’auparavant, au milieu du salon, mais chargée de bouteilles de gin, whisky, pale-ale et autres boissons offertes aux invités ; seulement, toutes les bouteilles avaient été vidées comme par enchantement et sans avoir été débouchées. L’assistance ne réclama pas, heureuse d’en être quitte à si bon compte. »

 

Faisons trois remarques :

1° : Ce n’est pas Léo Taxil, mais bien le Dr Hacks qui est l’auteur de ce passage. Nous avons démontré que c’est bien le Dr Hacks qui a écrit les deux tomes du Diable au XIXe siècle. Et même si on croit à ce que raconte le Dr Bataille après son « retournement », il faut admettre que c’est lui qui est l’auteur du premier tome du Diable au XIXe siècle. En effet, il a dit qu’il était l’auteur du premier tome et Léo Taxil était l’auteur du deuxième tome. Or, ce passage du crocodile ailé fait partie du premier tome.

2° : Théologiquement, cette histoire du crocodile n’est pas impossible. Le diable peut apparaître (ou donner l’impression d’apparaître) sous n’importe quelle forme. Il n’y a rien dans cette histoire qui ne soit irréalisable pour le diable.

3° : Le Dr Bataille se contente de raconter ce que lui a dit le palladiste Sandeman. Il n’a pas été témoin. Et c’est pour cela qu’il ne dit pas si cela est vrai ou non. »

Nous avions, ça va bientôt faire deux ans, envoyé un exemplaire de notre ouvrage à l’abbé de Tanoüarn. Curieusement, aucune nouvelle ou critique dans sa revue. Le silence total.

 

Pour ne pas conclure,

Si vous souhaitez connaître la vérité, établie qu’avec des faits et des documents, lisez L’Affaire Diana Vaughan – Léo Taxil au scanner. (http://sourcesretrouvees.free.fr)

Signé : Quivis.

 

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